L’histoire de la ligne Le Brassus-Vallorbe

Le projet de la ligne Le Pont – Le Day a été mis en œuvre par la Société anonyme pour l’exploitation des glaces des lacs de la Vallée de Joux fondée en 1879, pour transporter de la glace, d’une qualité exceptionnelle, vers les brasseries de Paris, Lyon, Genève, etc… La quantité était d’environ 40’000 tonnes par année, au plus fort de l’activité, permettant d’envoyer environ 3’000 wagons/an.

Au début, le transport s’effectuait par le col de Pétra-Félix en direction de la gare de Croy. Chaque jour il fallait 75 attelages, 18 heures par jour sur la route détrempée et déformée par la fonte de la glace.

Finalement un syndicat a été créé par des investisseurs (BCV, banquiers de Genève, etc.) qui ont lancé les travaux, sous la direction de la Compagnie Suisse-Occidentale-Simplon (SOS). Travaux qui furent confiés à l’entrepreneur Nivert d’Yverdon pour 681’000 francs, qui, en cours de mandat, a dû résilier son contrat. La SOS rachète le matériel et poursuit le chantier sous la direction de l’ingénieur Duvoisin. Les matériaux (sable, pierres, moellons, etc.) sont acheminés par chars ou traîneaux, tirés par des chevaux et des mulets, via la route des Epoisats.

En 1885, le syndicat est dissout, la Société anonyme du Pont-Vallorbe (PV) prenant la succession. Les ouvrages d’art principaux sontd’importants murs de soutènement, le tunnel des Epoisats (431m) ainsi que 2 viaducs.
Finalement, la cérémonie d’inauguration a eu lieu le 30 octobre 1886, une fête grandiose avec fanfares, cortège, banquet (700 personnes) a été organisée au cours de laquelle de nombreux et longs discours furent prononcés. Les grands argentiers qui ont financé la construction ont pensé : « le Combier est malin, retors, il fécondera notre argent !» On sait la manière dont celui-ci réalisa les hautes espérances de ces actionnaires, aucun dividende ne fut jamais versé. La SOS chargée de l’exploitation fournit 2 locomotives à vapeur, type E 3/3, nommées « Le Risoux 751 J-S » et « Le Sentier 752 J-S ». La durée du trajet était de 40 min. à la vitesse de 17 km/h. Le prix du billet A-R est de 1.95 franc, alors qu’un ouvrier gagnait 4.00 fr/jour. Nombre de trains par jour : 4 A-R.

Dès le début, les conditions financières, édictées par la SOS, pour l’exploitation étaient défavorables pour le PV. Fait plus aggravant, en 1887 la Société des Glaces fait faillite, ce qui entraîne une perte de tonnage importante pour le PV. Une vente aux enchères est organisée, un seul acquéreur se présente : le PV. En 1888 un raccordement industriel est réalisé au niveau des fours à chaux. En 1890 fusion de la SOS avec la puissante compagnie du Jura-Simplon (J-S), qui rachète la ligne ferroviaire du PV.

Ce dernier continue à exister comme exploitant des Glacières, mais perd son nom de compagnie et ainsi crée une nouvelle raison sociale : La Société Anonyme des Glaces de la Vallée de Joux. En 1903, rachat du J-S par les CFF qui deviennent propriétaires de la ligne Le Day-Le Pont. Furent mises en service à ce moment, 4 locomotives à vapeur de type Mallet Ed 2×2 construites par Maffei à Munich (7686 – 7690).

Mais déjà en 1891, la population combière avait décidé de poursuivre la construction de la ligne du Pont au Brassus. Le combat des tracés, soit par la partie occidentale (L’Abbaye), soit par la partie orientale (Le Lieu) fut rude ! Finalement il a été décidé de construire une voie à écartement normal, d’une longueur de 13 km, qui part du Pont, altitude 1011 m, passe au Lieu 1050 m, rejoint le versant du lac par les 2 tunnels de Pré-Lionnet (37 et 17 m), traverse le Sentier à 1012 m et gagne le Brassus à 1021 m. La concession est accordée le 23 mars 1896 par arrêté fédéral. Coût des travaux : 1’173’000 francs, dirigés par l’ingénieur Samuel Rochat de Morges. Une nouvelle compagnie ferroviaire naît : Le Pont-Brassus (PBr) qui confie l’exploitation à la SOS.

La ligne est ouverte à l’exploitation le 21 août 1899 après de grandes fêtes d’inauguration.

En 1927, les immenses entrepôts de la Société des Glaces furent détruits par un gigantesque incendie. Des bâtiments de moindre importance furent reconstruits. Mais en 1936, la Société cesse son activité, la glace artificielle étant devenue courante.

De 1903 à 1920 le PBr a connu une grande prospérité, surtout durant la 1ère guerre mondiale « Le malheur des uns faisant le bonheur des autres »


Puis survint la crise des années 30, nouvelle période de difficultés financières, mais le bénéfice remonte en flèche pour les années 1939 à 1945 (seconde guerre mondiale). Depuis, les comptes du PBr sont toujours déficitaires, la création de routes et les transports individuels s’étant fortement développés.
En 1938, les 2 dernières « Mallet » arrivent en fin de vie. Les CFF ne peuvent les remplacer, leurs locomotives à vapeur étant trop lourdes. D’autre part elle demandaient de gros frais pour l’entretien, le charbon, le graissage et leur utilisation (2 personnes).La locomotive diesel, peu expérimentée, loin des centres d’entretien, est repoussée.

Les CFF optent pour l’électrification, le conseil d’administration du PBr se ralliant à cette solution. De gros travaux furent nécessaires, comme l’abaissement de 40 cm de la voie dans les tunnels, l’étanchéité des voûtes, le renforcement de la voie, la pose de pylônes et du fil conducteur. Le 1er octobre de la même année, après 4 mois de travaux, pour la somme de 300’000 francs, la traction électrique est inaugurée par une fête d’importance, le 50ème anniversaire de la ligne Le Pont-Vallorbe n’ayant pas été fêté.

L’électricité est fournie par l’usine CFF de Vernayaz via la sous-station de Puidoux, de Bussigny et le poste de distribution du Day. La tension à la ligne de contact (LC) est de 15000 volts 16 2/3 périodes. Il faut rappeler la sous-station mobile de Croy, alimentée par une dérivation spéciale de Daillens, qui réinjecte du courant dans le réseau. Cela, suite à l’introduction des TGV Paris-Lausanne qui « pompent » énormément d’énergie au démarrage et en « montant » depuis Daillens. Sur la ligne du Pont la tension dans la LC tombe à 12000 volts. En effet, il n’y a pas de réalimentation au Brassus (effet boucle) ce qui pose un problème.

Les temps de parcours sont abaissés de 17 min. entre Le Pont et Vallorbe. Ce sont désormais des fourgons-automoteurs, de type Fe 4/4 de 1927-1928 qui circulent sur la ligne. Ceux-ci seront à leur tour transformés par les ateliers d’Yverdon en 1966-1970 pour devenir des De 4/4, n° 1669, 1970, 1971, véhicules à moteurs avec frein électrique, à cause des prescriptions spéciales pour les fortes pentes (38%o) Cela permet de constituer une rame réversible avec voiture intermédiaire et véhicule de commande (Bt). Jusqu’en 1970, l’infrastructure du Pont au Brassus n’autorisait qu’un poids de 16 tonnes par essieu. En 1975 de graves défectuosités sont constatées dans le tunnel des Epoisats. La fermeture de la ligne est envisagée. Suite à une forte mobilisation de la population et des autorités, les CFF acceptent la rénovation et prennent en charge les coûts. Les travaux furent effectués par une entreprise spécialisée entre 1976 et 1977, de 20h00 à 06h00 avec interruption l’hiver. Un train de chantier fut mis à l’œuvre pour effectuer lesdits travaux.

En 2001, la Société TRAVYS SA (Transports Vallée de Joux/Yverdon-Ste-Croix) est créée. Elle englobe les transports en bus d’Yverdon, l’Yverdon-Ste-Croix (YStC), l’Orbe-Chavornay (OC) et Le Pont-Le Brassus (PBr). Elle exploite la ligne Vallorbe-Le Brassus avec son propre matériel (RBDe 4/4 – voiture intermédiaire – voiture de commande appelée DOMINO), des tracteurs pour le service de la manœuvre ainsi que pour le service de la voie. Le personnel permettant la desservance de la ligne (gare, train, entretien de la voie) est sous contrat avec ladite société. Elle assume l’entretien de l’infrastructure entre Le Pont et Le Brassus. Régulièrement la ligne est fermée 15 jours en été pour permettre de gros travaux de renouvellement de la voie.

Les installations de sécurité ont été modernisées, permettant la télécommande à distance depuis les gares de Vallorbe et du Sentier.

L'histoire de la Compagnie du train à vapeur de la Vallée de Joux (CTVJ)

En 1984, des passionnés se réunissent pour tenter de faire revivre la traction à vapeur.
Le 15 février 1985 la CTVJ est officiellement constituée. Environ 15 personnes actives participent à tous les travaux d’entretien ainsi qu’à la mise en marche d’une quinzaine de trains à vapeur durant la saison, dans un bénévolat le plus absolu. A l’heure actuelle, la CTVJ est soumise à toutes les lois, ordonnances, réglementations, formations imposées par l’Office fédéral des Transports (OFT) de manière identique à une compagnie ferroviaire comme Travys SA. Nos chaudières sont inspectées chaque année, par l’Office fédéral des chaudières.

Les revenus de la CTVJ proviennent des cotisations des membres de l’Association des amis du train à vapeur (~80 membres à 50.00 francs) de dons divers, la loterie romande et les bénéfices des différentes sorties organisées pendant la saison, parviennent à couvrir les frais de fonctionnement ainsi que des petits travaux d'entretien.

Lors de gros frais de rénovation sur nos locomotives et wagons, nous pouvons compter sur les industries horlogères Combières, les fondations, la loterie romande, les partenaires locaux ainsi que les différentes autorités politiques régionales qui nous appuient afin que nous puissions poursuivre dans notre activité. Nous les en remercions.

Le matériel roulant autorisé est le suivant :
– 2 E 3/3 locomotives à vapeur de type « Tigerli » de 1909 et 1915
– 1 Tem II tracteur électrique-diesel
– 1 Tm I tracteur diesel avec boîte à vitesse manuelle
– 1 WR wagon-restaurant
– 2 B voitures voyageurs de type « Seetal » à plates-formes d’extrémités ouvertes, de 1906
– 2 F3 fourgon à 3 essieux
– 1 Db wagon accompagnement des trains marchandises dit « Spoutnik »

La CTVJ possède l’autorisation d’accès au réseau, le certificat de sécurité et le système de gestion de la sécurité.

Tous ces documents sont délivrés par l’OFT.

La Compagnie a l’espoir que ces différents renseignements vous auront permis de comprendre l’historique de cette magnifique ligne ferroviaire. Ce document n’a pas la prétention d’être exhaustif, pour cela il faudrait d’innombrables pages ! …

Au nom de la Compagnie et de l’Association, nous vous souhaitons un excellent voyage et espérons que vous garderez de nombreux et beaux souvenirs.